Henri VIII (
28 juin 1491 –
28 janvier 1547) est
roi d'Angleterre de
1509 à
1547.
La controverse juridique et
théologique relative à la validité de son premier
mariage et surtout celle, interminable, autour de son annulation eurent des conséquences religieuses, politiques et diplomatiques considérables. D'abord privée, la question prit une importance européenne majeure à la fin des
années 1520 et a poussé l'Angleterre à rompre son lien avec
Rome. Pourtant, il est resté un croyant dans les enseignements fondamentaux théologiques catholiques, même après son excommunication de l'Église catholique.
Les difficultés économiques du règne sont venues surdéterminer et aggraver le conflit, qui déboucha régulièrement sur une politique violente souvent arbitraire. Celle-ci toucha indistinctement les plus hauts échelons de l'État et de la société : la
condamnation à mort était la sanction courante de la défaveur royale.
Les préoccupations dynastiques d'Henri VIII, deuxième monarque de la jeune
Maison Tudor qui venait de mettre un terme à la
guerre des Deux-Roses, l'amenèrent à contracter six mariages, dont deux se terminèrent par la mise à mort de l'épouse rejetée. Pourtant, chacun de ses trois enfants légitimes lui succède sur le trône d'Angleterre
Henri VIII naît au palais de Placentia à
Greenwich le
28 juin 1491. Il est le troisième enfant d'
Henri VII et d'
Élisabeth d'York[1] et deuxième sur la liste de succession au trône, derrière son frère ainé
Arthur[2].
Le
14 novembre 1501,
Henri VII, qui souhaite une alliance avec la puissante
Espagne, marie
Arthur (âgé de 15 ans) à
Catherine d'Aragon (âgée de 16 ans). Ils partent pour le château de Ludlow (résidence traditionnelle du
prince de Galles), où Arthur tombe malade (
suette,
diabète ou
tuberculose) et meurt le
2 avril 1502. Le futur Henri VIII, déjà
duc d'York, ne devient
duc de Cornouailles et huitième
prince de Galles qu'une fois certain que Catherine ne porte pas d'enfant d'Arthur.
L'Angleterre et l'
Espagne trouvant toujours intérêt à une alliance entre les familles royales, on songe à marier Catherine et Henri. Pour que cela soit possible, il faut que la non-consommation du premier mariage soit vérifiée, sauf accord papal valant dispense
[3]. Catherine affirme que le mariage n'a pas été consommé
[4], ce que confirme son chaperon, Doña Elvira Manuel
[5]. Néanmoins, les deux familles estiment qu'une dispense papale
[6] permettrait d'ôter tous les doutes concernant la légitimité du mariage. Sous la pression de la mère de Catherine,
Isabelle de Castille, le
pape, mis en place par les
Habsbourg, accorde en urgence la dispense de constat de
virginité de Catherine
[7], quatorze mois après la mort du frère d'Henri, premier époux de celle à qui on veut le marier. Le père de celle-ci, le roi
Ferdinand II d'Aragon désirant contrôler l'Angleterre, appuya le remariage de sa fille avec le nouveau roi d'Angleterre. Henri épousa donc Catherine le
11 juin 1509, neuf semaines après son accession au trône, en dépit des inquiétudes du
pape Jules II et de
William Warham, l'
archevêque de Cantorbéry. Tous deux doutaient de la validité de cette union. Ils furent couronnés à l'
abbaye de Westminster le
24 juin de la même année. Il semble alors que le jeune roi fût amoureux de son épouse
[8].
La première
grossesse de la reine en
1510 fut interrompue par une
fausse couche. Puis, le
1er janvier 1511, la reine donna naissance à un garçon qui ne vécut que jusqu'au
22 février de cette même année.
Début de règne
Henri VIII devient roi le
22 avril 1509[9]. Quelques jours plus tard, il fait enfermer à la
tour de Londres Richard Empson et
Edmund Dudley, les deux ministres les plus impopulaires de son père, qui avaient imposé de lourdes taxes à la noblesse. Il les accusera de haute trahison et les fera
décapiter en 1510.
Pendant deux ans, William Warham et
Richard Fox, évêque de
Winchester et
lord du sceau privé, gardent la mainmise effective sur les affaires du royaume.
[modifier] L'ascension de Thomas Wolsey Henri VIII vers 1525
Mais en
1511, le pouvoir passe à l'ecclésiastique
Thomas Wolsey. La même année, Henri rejoint la
Sainte Ligue, une coalition dirigée contre le roi de France
Louis XII, en
Italie. La ligue regroupait le pape
Jules II,
Maximilien Ier et son beau-père,
Ferdinand II, le souverain du
Saint Empire, avec lequel Henri signa aussi le
traité de Westminster en 1511. Il rejoignit ensuite l'armée anglaise pour traverser la
Manche et prendre part à la guerre en France.
Cependant en
1514, Henri quitta l'alliance, ce qui entraîna la paix avec Louis XII. La brouille avec l'Espagne l'amena à envisager l'annulation du mariage avec Catherine d'Aragon
[10]. Mais en
1515, après l'accession de
François Ier au trône de France, la France et l'Angleterre redevinrent adversaires. Henri VIII et
Ferdinand II se réconcilièrent. En
1516, Catherine donna naissance à une fille,
Marie, ce qui encouragea le roi dans son espoir d'avoir un héritier mâle malgré les échecs précédents (un mort-né, une fausse couche et deux enfants morts en bas âge).
Ferdinand mourut en
1516, et c'est son petit-fils
Charles Quint, neveu de Catherine, qui lui succéda. En octobre
1518, Wolsey fit en sorte que le
traité de Londres, œuvre de la
papauté, apparût comme un triomphe diplomatique de l'Angleterre, pays au centre d'une nouvelle alliance européenne, dans le but ostensible de repousser l'influence espagnole, ce qui était le dessein originel du pape. En
1519, à la mort de l'Empereur Maximilien, Wolsey, devenu entre-temps
cardinal, proposa secrètement Henri comme candidat au trône impérial, tout en soutenant publiquement le roi de France. Mais le neveu de Catherine, Charles, également petit-fils de l'empereur défunt, fut choisi par les princes-électeurs. La longue rivalité qui opposa par la suite Charles Quint et François I
er plaça Henri en position d'arbitre. De fait, chacun des deux souverains recherchait sa faveur, comme le montrèrent de façon éclatante et spectaculaire la rencontre au
Camp du Drap d'Or qui eut lieu entre le 7 et le 24 juin 1520, et plus tard celle plus solennelle dans le
Kent. Cependant, après
1521, l'influence anglaise en Europe commença à décliner. Henri s'allia avec Charles Quint par le traité de Bruges et François fut défait par les armées impériales à la
bataille de Pavie, en février
1525. La confiance de Charles envers Henri subsista, de même que l'influence de l'Angleterre en Europe, ce qui conduisit au second traité de Westminster en
1527.
[modifier] Défenseur de la foiHenri ne cache pas ses sentiments hostiles à la
Réforme protestante, que l'ancien moine
allemand Martin Luther commence à prêcher et il n'hésite pas à l'invectiver. En juillet
1521, il envoie même au pape son traité
Assertio septem sacramentorum, rédigé avec l'aide de
Thomas More. Cela lui vaut le titre de « Défenseur de la foi » (
Defensor Fidei)
[11] décerné par
Léon X, le soutien d'
Érasme et des injures de
Martin Luther. Dès lors, le
roi d'Angleterre prend le titre d'
illustrissimus, c'est-à-dire de « très illustre », titre conservé même après sa rupture avec Rome et jusqu'à aujourd'hui.
Mais si Henri VIII est peu enclin aux idées réformatrices allemandes, il n'en est pas moins inquiet de l'influence de Rome et aimerait se substituer au pape dans la direction des affaires de l'Église d'Angleterre.
Thomas Wolsey partage sa volonté de s'émanciper de la tutelle romaine. Sans heurt, l'Angleterre s'habitue à la suprématie du gouvernement royal tant sur le plan spirituel que temporel. Henri VIII et Wolsey restent cependant fidèles à l'orthodoxie romaine.
Tout bascule en
1527. Ses alliances espagnoles se dégradent car
Charles Quint n'a pas voulu épouser sa fille
Marie. De plus, sa femme,
Catherine d'Aragon n'a donné naissance à aucun enfant vivant, hormis la petite Marie, et son âge et son état de santé ne permettent plus d'espérer qu'elle en ait d'autres. Le roi, qui désire ardemment un fils, tombe éperdument amoureux de la jeune dame d'honneur de la reine,
Anne Boleyn. Henri VIII souhaite l'épouser pour avoir un héritier légitime, tout en se débarrassant de Catherine d'Aragon. Wolsey est chargé d'entamer les négociations avec la
curie romaine. Le pape n'étant pas décidé à accorder l'annulation du mariage (il voulait notamment ménager Charles Quint, neveu de Catherine d'Aragon), l'affaire traîne pendant deux années jusqu'à l'automne
1529. Poussé par les partisans d'Anne, Henri VIII perd son estime pour Wolsey et le fait démettre de ses fonctions de Lord-Chancelier.
[modifier] Le schisme Henri VIII par
Hans Holbein (1536-1537)
La chute de Wolsey amène
Thomas More à reprendre le titre de Chancelier. Fervent partisan de
Rome, More ne peut empêcher l'influence du secrétaire du roi,
Thomas Cromwell. Ce dernier trouve des arguments pour accélérer la procédure d'annulation. Pour lui, le refus papal est intolérable. Professeur à l'
université de Cambridge,
Thomas Cranmer est lui aussi partisan de la dissolution du mariage royal et précipite également la rupture avec Rome.
Cependant, en septembre
1530,
Clément VII, qui fut précepteur de
Charles Quint, oppose un refus définitif à l'annulation du mariage royal. Cette décision fait de
Marie, cousine de Charles Quint, l'unique héritière de la couronne d'Angleterre.
Le
11 février 1531, l'
archevêque de Cantorbéry,
William Warham, proclame : « Nous reconnaissons que Sa Majesté est le Protecteur particulier, le seul et suprême seigneur et, autant que la loi du Christ le permet, le Chef suprême de l'Église et du clergé d'Angleterre ». Le premier pas vers une séparation de l'
Église d'Angleterre de celle de Rome est franchi. Cet événement est à l'origine de l'
anglicanisme. Le
25 janvier 1533, la favorite Anne Boleyn annonce qu'elle est enceinte.
À ce moment, Henri décide que l'enfant naîtra dans la légitimité et précipite les événements. Il épouse Anne dans l'intimité et nomme
Cranmer archevêque de Cantorbéry. Ce dernier valide l'union le
23 mai 1533. Le 11 juillet suivant,
Clément VII excommunie Henri, Anne et Thomas Cranmer. La rupture avec Rome est consommée.
Article détaillé :
Anglicanisme.
Or
Anne Boleyn donne naissance à une fille. Le roi finit par se lasser d'elle parce qu'elle n'est pas capable de lui donner un fils vivant (le 29 janvier 1536, Anne fait une seconde fausse couche et perd un autre fils après celui né en 1534), et la fait décapiter à l'épée (privilège et ordre du roi pour adoucir sa mort au lieu de la hache) pour adultère, complot contre l'État et inceste (elle aurait eu une liaison avec son frère George). Seul son mariage avec
Jeanne Seymour voit la naissance d'un héritier mâle, le futur
Édouard VI, qui lui succèdera brièvement.
Le schisme entraîne des répercussions sur la politique intérieure du pays :
[modifier] Fin de règne (1536-1547) King Henry VIII par
Hans Holbein le Jeune,
Walker Art Gallery,
LiverpoolAprès l'exécution d'Anne Boleyn, Henri VIII devient plus autoritaire. Suite à une blessure à la jambe reçue lors d'une joute équestre, il ne peut plus exercer d'activité physique, ni monter à cheval. Il devient alors irritable, obèse (il pèsera jusqu'à 136 kg et aura un tour de taille de 137 cm, ce qui lui causera de sévères problèmes de mobilité) et probablement impuissant.
En
1538, il fait exécuter son cousin Henry Pole, 1
er baron Montagu et frère du cardinal
Reginald Pole, qui deviendra
archevêque de Canterbury sous le règne de sa fille Marie. En 1541, il fait de même avec la mère de ces derniers,
Marguerite de Salisbury, la fille de
George, duc de Clarence après avoir fait exécuter le 9 janvier 1539 un autre cousin, Henry Courtenay, marquis d'Exeter, fils de Catherine d'York, sœur cadette de sa mère. Ces exécutions éliminent les derniers prétendants au trône issus de la
Maison d'York.
Cette même année, la trentième de son règne, il ordonne la construction d’une nouvelle résidence dans le Surrey : le
Palais de Sans-Pareil.
En
1540, Henri se marie pour la quatrième fois, avec
Anne de Clèves, fille de l'un des chefs du
protestantisme allemand,
Jean III,
duc de Clèves. L'union n'ayant jamais été consommée, il la répudie après six mois de mariage. En
1542, sa cinquième épouse,
Catherine Howard, est décapitée pour
adultère. Il se remarie une sixième et dernière fois en
1543 avec
Catherine Parr qui lui survit un an.
En
1544, allié de
Charles Quint il attaque la France du roi
François Ier et s'empare de
Boulogne (la ville sera reconquise par les Français en octobre 1547 par les troupes du nouveau roi de France
Henri II). En 1545, les Français essaient d'envahir l'Angleterre. En 1546, par le
traité d'Ardres, Henri fait la paix avec
François Ier.
Il meurt le
28 janvier 1547 au
Palais de Whitehall, peut-être des conséquences d'un
diabète de type