De même que nous pouvons nous ruiner la santé en ressassant nos problèmes, nous pouvons la renforcer en recherchant des émotions heureuses. Mais pour engendrer ses bienfaits, la pensée positive exige un travail global sur soi-même.
Qui n’a jamais vécu cette expérience ? Vous vous sentez patraque, et même un peu malade, quand une bonne nouvelle, un heureux événement, vient soudain réveiller toute votre énergie. Vous voilà tout à coup en pleine forme, et vous courez à l’autre bout de la ville retrouver des amis ou vous abattez en une heure le travail d’une journée. Mais d’où vous est venu ce renouveau de dynamisme ? Du simple fait d’éprouver des émotions agréables ? Se pourrait-il, dès lors, que le plaisir, la joie, le bonheur, les pensées positives, soient un facteur de santé physique ?
L’idée n’est pas nouvelle. Le psychologue et pharmacien Émile Coué, au début du XXe siècle, en avait même déduit une méthode thérapeutique. Il conseillait à ses clients de répéter vingt fois par jour à haute voix le message optimiste « tous les jours, à tous points de vue, je vais de mieux en mieux ». Des années plus tard, le journaliste et professeur d’université américain Norman Cousins relançait l’idée en racontant, en 1979, comment il s’était soigné d’une maladie mortelle grâce à une cure à base de films comiques et de vitamine C. Mais il fallut attendre encore un peu pour que la science s’intéresse au phénomène. Pour des raisons évidentes : « La médecine, la psychiatrie et la psychologie ont amplement montré combien les émotions et pensées négatives nous crispent, nous fatiguent et, à la longue, nous fragilisent. Mais, à cette époque, elles ne s’occupaient essentiellement que de pathologie. Leur intérêt pour les émotions génératrices de bienêtre est beaucoup plus récent », explique Thierry Janssen, psychothérapeute bruxellois, qui fait le bilan de cet intérêt dans son dernier livre, Le Défi positif.
Aujourd’hui, plusieurs thérapies font expressément appel aux ressources morales et au dynamisme des patients. La psychologie positive proprement dite s’efforce de cerner les qualités psychiques qui conditionnent la bonne santé, et de promouvoir les outils pour les développer. De la capacité à satisfaire ses besoins matériels, affectifs et spirituels à l’aptitude à surmonter les épreuves, en passant par le sentiment d’être pris dans un « flux » positif donnant du sens à son existence, ces qualités ont en commun de s’adresser à tous les niveaux de l’être, et d’insister sur la dimension du sens, voire de l’éthique. De même que nous pouvons nous pourrir la vie à ressasser les problèmes, nous pouvons l’égayer en recherchant le bon côté des choses.